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Après quelques pintes vidées, le praticien, aidé de l’Isabeau, n’eut pas de peine à convaincre le pauvre Jean qu’il avait, comme l’aîné d’une branche des Agrafeils dans laquelle s’étaient éteintes deux autres familles de la communauté, la propriété de plus de la moitié des biens en commun et que c’était une bêtise à lui de ne pas faire valoir ses droits.

— Tu n’es point tenu de rester indivis, et tu as grand intérêt à demander le partage ! disait Galinet.

— Ça serait une bêtise de laisser notre bien aux autres ! ajoutait la femme.

— Il me fâche d’entrer en procès, objectait Jean, dont la cupidité s’éveillait.

— De procès ! il n’y en aura pas ! Une action en partage et voilà tout ! D’ailleurs, ajouta le praticien, je me charge de tout, tu n’auras pas à t’en mêler ; tu me donneras ta procuration et le bien te viendra tout seul dans les mains…

Jean, à moitié gris, souriait bêtement à cette idée ; ce que voyant, l’Isabeau dit en se levant :

— Allons-nous-en chez le notaire, pour ce papier que vous dites, Galinet.

Le soir, au lieu de rentrer aux Agrafeils, Jean s’en alla coucher chez sa femme. Le lendemain, il était un peu moins décidé que la veille, malgré les amitoneries conjugales ; mais il avait donné sa procuration, c’était chose faite, pensait-il. Comme il avait quelque honte de se retrouver en face des autres, l’Isabeau alla quérir ses hardes des jours ouvrables,