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— Moi, je n’en veux pas, dit Lïou.

— Ni moi ! fit Cyprien.

— Ni moi non plus, ajouta Siméon.

— Et toi, Tiennou ? interrogea Françoise.

— Moi je veux bien, si vous autres me choisissez.

— Et moi je dis comme Tiennou, fit Michel.

— Alors, reprit Françoise, vous êtes trois qui en voulez. Ainsi étant, les autres six vont faire le triage entre vous. Voici chacun à cette fin trois graines : une blanche, une brune et une rouge. La blanche sera pour Jean, la brune pour Tiennou et la rouge pour Michel. Nous autres, ceux qui choisissons, nous mettrons dans le pot la mongette de celui qui nous conviendra le mieux, de manière qu’il y en ait six dans le pot.

— Comment ! cette petite drole compte ! dit l’Isabeau en montrant Albine.

— Sans doute ! répondit la ménagère. Chez nous les filles ont droit de choisir à l’âge mariable, qui est quinze ans, et l’Albine en a seize.

Lorsque les six votants eurent laissé tomber leur haricot au fond du pot, Françoise le renversa sur la table :

— Une blanche et cinq rouges, dit-elle, c’est Michel qui, présentement, est le maître.

— Je tâcherai de faire de façon que personne ne se repente de m’avoir choisi, dit-il.

Tiennou ne dit rien, mais Jean s’écria :

— Mes pauvres ! vous m’avez tiré une belle épine du pied !