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en Périgord, Jean était indiqué ; mais son caractère faible faisait craindre qu’il ne subît les volontés de sa femme qui n’était pas aimée dans la maison. Tiennou, qui eût volontiers accepté la désignation de ses communiers, ne leur convenait guère à cause de son esprit tracassier et contrariant ; joint à cela qu’il n’était pas des mieux entendus en affaires. Restait Michel qui était sérieux, capable, de volonté ferme et de grand bon sens. Mais il était à la réserve du pauvre Pierre, le plus jeune des hommes de la communauté ! Le choisir, quel accroc aux vieux usages, à l’antique coutume des Agrafeils, à ce vieil esprit familial qui, jadis, soumettait tous les puînés à l’aîné !

Néanmoins, arraisonnés par Françoise, les parsonniers firent passer les intérêts de la communauté avant leurs préjugés.

Le soir de l’enterrement de Bertrand, après soupé, Françoise dit à la Faurille :

— Va me quérir dans une assiette des mongettes blanches, et de couleur aussi.

Puis se levant, elle alla prendre dans le placard un pot de terre vide et le posa sur la table.

La servante ayant apporté les haricots, Françoise dit :

— Nous allons choisir un maître : faites attention de regarder dans cette affaire le bien de la maisonnée ! Mais auparavant, il faut savoir lesquels se sentent forts et adroits assez pour commander.

En commençant par le plus vieux : toi, Jean, demandes-tu la maîtrise ?

— Il le faut bien ! dit celui-ci, résigné.