Agrafeils interroger Michel. D’où venait-il ? Quel chemin avait-il suivi ? À qui avait-il parlé ? Où comptait-il demeurer ?
— Ah ça ! fit le garçon qui avait repris un peu de force, on dirait que vous me prenez pour un voleur ? Ne peut-on être tranquille chez son monde ?
— Ça dépend, dit le brigadier. Vous êtes un soldat de l’usurpateur ?
— Pour mon malheur, oui !
— Et soupçonné de le regretter ?
— Par mon âme ! si, comme moi, vous aviez mangé deux ans et demi des fèves d’Espagne pourries, dans leurs pontons, vous ne regretteriez point celui qui en fut la cause !
— Pourtant, il paraît que vous avez mal parlé de notre bon roi ?
— Il est bon peut-être pour d’aucuns, mais il ne l’a point été pour moi, répondit évasivement Michel.
Enfin, après plusieurs autres questions faites et réponses ouïes, les gendarmes s’en furent.
— On aura l’œil sur vous ! dit en partant le brigadier.
Lorsqu’ils furent hors de la cour, la Françoise, qui avait entendu, dit à Michel :
— Cette malheureuse Isabeau aura tout raconté à Malivert ! Il faudra te méfier d’elle.
— Il s’est bien attelé là, Jean !
— Ah ! ça n’est pas de sa faute ! Les autres l’ont tracassé jusqu’à ce qu’il l’a eu prise.
Le lendemain, Michel guetta l’Isabeau, et, la tirant dans un coin, lui dit :