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tait encore. Enfin il s’allongea, étendit ses pattes roides, un petit frémissement lui suivit tout le corps et ce fut fini. Cette fois-ci, Maurette essuya ses yeux.

— Il est mort, père !

Le soir, Mauret mit le chien dans une brouette, et s’en fut l’enterrer au jardin, en un recoin de muraille, sous un gros laurier qui fournissait les voisins de rameaux le jour de Pâques fleuries : « Le pauvre Moustache sera bien là », pensait-il.

À souper, il fut question du remplacement de cet aide humble et dévoué.

— Moi, je tournerai bien la roue avec la manivelle, dit la petite.

— Toi ! s’écrièrent à la fois le père et la mère, comme indignés.

Leur Reine, cette fille tant aimée, tant mignotée, tourner la meule !

— Ne parle pas de ça ! dit Mauret.

— Et moi ! s’exclama la mère, est-ce que je n’en ai pas la force ? Ça ne sera pas la première fois, peut-être !

En manière de conclusion, le père dit qu’il se faisait vieux et qu’il avait besoin d’un ouvrier… Demain il manderait à l’ami Coyrat, coutelier à Bergerac, de lui en trouver un. Jusque-là, on « s’aisinerait ».

Reine ne fut pas trop contente de cet arrangement. Pourquoi ? Elle ne savait. Peut-être lui déplaisait-il instinctivement de voir introduire dans la maison un étranger qui pourrait deviner son secret.