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Et le saisissant par le bras malgré sa résistance, le gendarme passa les menottes à Pierre, tandis que la bergerette pleurait et criait au secours. Puis, la chose faite, comme elle s’attrapait au col de son ami, il l’écarta brusquement et dit au prisonnier, capturé :

— Marche devant !

Et, remonté à cheval avec son camarade, ils l’emmenèrent.

— Ne reste pas là ! rentre à la maison ! cria Pierre à la petite, qui sanglotait à terre, affaissée.

Au résultat, Pierre fut condamné pour le délit forestier à quatre cents francs d’amende, et pour la rébellion et le coup de couteau dans la manche du garde, à un an de prison. Le malheureux eut beau nier avoir « charmé » des arbres, se lamenter, se désespérer ; l’avocat eut beau secouer ses manches, le procès-verbal était là, bien circonstancié, dûment affirmé et enregistré, rien n’y fit, tant les renseignements étaient mauvais sur ces gens des Agrafeils. Le procureur requit, les juges condamnèrent, les gendarmes emmenèrent, et le geôlier écroua pour un an le pauvre Pierre.

— Jésus ! pensait la Françoise en contemplant le Christ, qui, au-dessus des juges, étendait ses bras avec un geste de protection ; Jésus ! que fais-tu donc là-haut !