cours de laquelle Pierre, maltraité, tira son couteau et en donna un coup au garde sur le bras qui le tenait à la gorge. À ce coup qui avait percé la manche sans toucher la chair, Malivert riposta par un coup de crosse de sa carabine qui, porté en pleine poitrine, fit reculer le garçon à quatre pas.
— Ah ! serpenteau ! en voilà de reste pour t’envoyer aux galères !
Ayant dit, le garde s’en alla faire son procès-verbal, copieusement motivé et guirlandé de toutes sortes de circonstances aggravantes, outre le fait d’avoir écorcé sous la palène quatre baliveaux de trois âges.
Quelques jours après, deux gendarmes entrèrent à cheval dans la basse-cour des Agrafeils, et demandèrent le Pierre à Françoise, qui s’était avancée sur la porte de la cuisine.
— Il touche les brebis… je ne sais pas de quel côté, répondit-elle, méfiante. Mais, que lui voulez-vous ?
— Nous avons besoin de lui parler.
Et les gendarmes s’en furent à la recherche de Pierre, qu’ils finirent par trouver assis contre un petit tuquet, façonnant un piège à taupes, cependant que l’Albine, debout, filait son « brin ».
— Donne tes mains ! dit l’un des gendarmes, après avoir mis pied à terre.
— Et pourquoi ? demanda le garçon, effrayé en voyant la chaîne.
— Tu le verras bien ! donne toujours !