sur « ce vilain loup », comme ils appelaient le garde.
Une après-dînée, ils étaient assis au pied d’un « terrier », ou talus, à l’abri du Nord, et faisaient cuire, sous la cendre d’un petit feu, des châtaignes que Pierre avait portées dans son havresac, et devisaient de Malivert.
— S’il s’essayait à recommencer de te vouloir embrasser, — disait le garçon, — je lui planterais mon couteau dans le ventre !
— Il est bien grand et fort, mon Pierre ! — faisait la bergerette.
— C’est tout un, Nine ! Souviens-toi de l’histoire de ce petit pâtre juif que nous a contée la Françoise ! Tu sais bien ? qui, au moyen de sa fronde, tua un géant d’un coup de pierre !
La petite regarda son compagnon avec admiration.
— Je ne sais pas, reprit-elle après une pause, pourquoi ce méchant homme voulait m’embrasser de force ?
— Je n’en sais rien non plus, mais toujours, c’est une fière canaille !… Moi, quand je t’embrasse, c’est que tu le veux bien… n’est-ce pas, ma petite ?
— Oui, mon Pierre, parce que je t’aime tout plein !
Et là-dessus, les deux enfants, assis l’un près de l’autre, se penchèrent, et, s’accolant, restèrent un instant innocemment embrassés.
— C’est ça ! ne vous gênez pas ! dit tout à coup une grosse voix derrière eux.