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point de ces airs chattemittes que des fois prennent les nouvelles épousées. Le pauvre Jean suivait à trois pas, tête basse, la démarche recrue, l’air ennuyé, portant un paquet de hardes à sa femme. Tous deux entrèrent dans la cuisine où la Françoise était en train de « fricasser dans la soupe », qui est à dire passer les légumes à la poêle avant de les mettre dans la marmite. Les deux femmes s’embrassèrent selon la coutume, et puis causèrent un brin pendant que Jean, ressortant, allait poser le paquet dans la chambre conjugale, meublée d’un vieux lit à ciel avec courtines de serge jaune, d’un cabinet à serrer le linge, d’une table massive et de deux grossières chaises tournées. Lorsqu’il revint à la cuisine, Jean trouva sa femme assise dans le « cantou » de la cheminée, qui faisait des questions à la ménagère sur les choses et les habitudes de la maison.

— Tenez, dit-elle à son homme en ôtant le fichu de ses épaules, portez-moi ça dans notre chambre.

Et, tout doucettement, le pauvre diable obéit.

La Françoise, qui n’avait pas approuvé le mariage et n’avait pas assisté à la noce, trouvait l’épousée un peu bien délibérée en paroles et en manières, mais elle n’en fit rien paraître pour lors. Le vieux Bertrand, qui survint un moment après, renouvela l’amitié avec l’Isabeau, en l’embrassant, comme pour s’assurer encore qu’elle n’était pas punaise. Lorsque les autres parsonniers rentrèrent des terres pour souper, ils trouvèrent la nouvelle venue qui commandait à la Faurille de mettre les assiettes sur la table, comme