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fâchés, le visage sévère sous sa coiffe de linon. Voyant ça, le maître, plus indulgent, comme celui qui se coiffait quelquefois, rompit les chiens, ainsi qu’on dit.

— Jean, fit-il, j’ai parlé de toi à l’Isabeau. Tu lui conviens bien à première vue. Il n’y a maintenant qu’à faire plus ample connaissance. Pour ce, il est entendu que tu iras la voir dimanche à la vesprée…

— Ah ! ah ! nous irons à la noce ! s’écrièrent tous les hommes.

— Vous autres m’enragez bien ! dit Jean. Que diable voulez-vous que j’aille dire à cette grande cavale !

— Ne t’inquiète pas de ça, répondit Bertrand. J’irai avec toi et je parlerai en ta place !… Et puis, j’ai à te dire qu’elle n’est brin punaise comme tu disais, l’ayant approchée assez pour m’en accertainer.

Là-dessus, Jean se remit à manger et ne dit plus mot.

Le dimanche ensuivant, il fut à La Salvelat avec le maître, Bertrand, qui fit si bien son métier de « minardou », qui est à dire accordeur, que le prétendu fut accepté, sauf plus familière cognition, pour laquelle faire l’Isabeau lui octroya la permission de venir la voir. Sur le coup de dix heures du soir, les deux hommes revinrent aux Agrafeils après avoir mangé des « viroles », ou châtaignes cuites sous la cendre et bu quelques chopines de vin blanc. Jean, légèrement émoustillé, s’était un peu réconcilié avec le mariage.