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couleurs disparates, la ménagère lui montra ensuite l’étable des brebis, le tect des porcs, la loge de la truie, le poulailler, le fournil, le cellier, le « bugadier » pour les lessives, et la grange. Tous ces bâtiments enfermaient la cour à droite et à gauche. À l’arrivée, elle était close par un gros mur dans lequel était percée une porte charretière cintrée, fermée d’un portail renforcé de clous, qu’on « barrait » chaque soir au moyen de deux grosses pièces de bois. En face de l’entrée, au fond de la cour, était la maison à toits aigus et moussus, divisée en grandes chambres de famille, de chaque côté de la cuisine qui était au centre. Cette cuisine, où se réunissaient autrefois autour de la table commune une quarantaine d’Agrafeils, petits ou grands, avait trente pieds de long sur vingt de large environ. Une vaste cheminée, avec des « cantous » profonds de chaque côté, était au milieu, capable de chauffer la communauté rangée en demi-cercle. Au manteau de « cartelage » arrondi en anse de panier, reposaient, sur des chevilles coudées, deux longs fusils simples à pierre. Des placards dans l’épaisseur des murs, un grand cabinet de cerisier, noirci par le temps, un vaissellier, un râtelier à placer les « tourtes » de pain, et des bancs de chaque côté de la grande table au-dessus de laquelle pendaient des « cannevelles » ou roseaux encochés pour suspendre le « calel », faisaient tout l’ameublement.

Dans un coin, du côté de l’évier, des pots, des « oulles » et des « tourtières » de fonte entouraient,