ouaille, et le loup fut traité de brigand, de voleur ; en un mot vitupéré de la bonne façon. Après cette première explosion d’indignation, comme chacun commençait à manger la soupe, Cyprien ayant fait remarquer que c’était la quatrième brebis étranglée par « le loup » dans une année, le mouvement des cuillers s’arrêta, et la bête à l’oreille pointue fut, derechef, copieusement pouillée et maudite.
— Ça n’est peut-être point le même, objecta Siméon.
— Hé ! firent les autres, c’est toujours « le loup » !
— Et quatre ouailles perdues ! ajouta Tiennou, qui était un homme positif.
Cependant, comme il y avait une affaire sérieuse à décider, les récriminations, au lieu de se répéter et de s’éterniser toute la soirée, furent interrompues par la Françoise. Tous les parsonniers étant rangés autour du feu, pelant les châtaignes pour le déjeuner du lendemain, la vieille fille leur remontra que maintenant elle ne pouvait seule tenir la maison, faire la soupe, soigner les cochons, et vaquer à tous les soins ménagers qui sont de la compétence des femmes.
— Nous ne serions pas trop de trois, ici, dit-elle, sans compter l’Albine qui touche les brebis tous les jours. Par ainsi, il faut aviser tout de suite à prendre une servante.
— Tu as raison, dit le vieux Bertrand, j’en vais chercher une, coup sec.
— Fais excuse, répliqua l’autre, tu sais que,