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— Alors, tu voudrais dormir avec moi ? dit innocemment l’Albine en riant.

— Oh ! oui ! répondit aussi naïvement le jeune garçon.

— Pour ça, il faut être mari et femme…

— Si tu veux, nous nous épouserons, ma pastourette ?

— Moi, je veux bien, mon Pierre.

— Adonc étant mariés, je ne te quitterai plus, et je serai toujours avec toi, bien près, comme ça, ajouta-t-il en serrant la petite par la taille, et puis je t’embrasserai toujours comme maintenant…

Et il baisa les joues rosées de l’enfant.

— C’est plaisant de s’aimer, mon Pierre ! dit-elle.

— Oh oui ! aussi nous faut-il nous aimer tout plein !

— Oui… mais pour le présent il faut t’en aller ; tu n’auras guère amassé de châtaignes, et le maître se fâchera !

— Je dirai que le loup en est cause… Tout de même, tu as raison, je m’en vais… Mais pas avant que je ne t’embrasse encore un coup !

— Oui bien, mon Pierre ! dit la petite en tendant la joue.

Et lors ayant récidivé, le garçon rechargea la brebis sur son col, la tenant par les pattes, comme le Bon Pasteur, et s’en fut, non sans se retourner souvent.

Le soir, au souper, il y eut force commentaires et récriminations sur cet étranglement de la pauvre