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Annie, et chacun faisait des remarques sur ses qualités et ses défauts.

— C’était une bonne fille ! disait son frère Jean, qu’on appelait aussi quelquefois l’Aîné.

— Et vaillante ! ajoutait Cyprien.

— Elle n’avait pas sa pareille pour faire les millassous ! faisait le Cadet.

— Ça, c’est vrai, mais, objectait Tiennou, sans en vouloir dire du mal, elle était des fois un peu regardante.

— C’était dans l’intérêt de la maisonnée ! répliqua Cyprien.

— Je ne dis pas… mais trop est trop…

— Personne ne réussissait les chapons comme elle, remarqua Siméon. Jamais elle n’en a manqué un ! Tous les ans, au carnaval, nous en vendions une douzaine de paires, sans compter les deux que nous mangions.

— Et comme elle faisait bien un saupiquet et la « saugrenade » ! reprenait Cadet.

— Le manger n’est pas tout dans une maison, répliquait Tiennou. Il y avait des jours où la défunte n’était pas trop plaisante…

— Allons, allons, Tiennou ! À cette heure, notre pauvre Annie est devant le bon Dieu ! il te faut oublier qu’elle ne l’a pas voulu prendre pour son homme ! dit la Françoise.

— Oh ! ce que j’en dis, ce n’est pas pour ça !

— Elle était comme moi, vois-tu, elle n’avait pas l’idée du mariage, ajouta la vieille fille.