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C’était un homme de cinquante ans, au regard noir, à la physionomie dure.

— Que leur contais-tu donc de si plaisant que tu les faisais tant rire ? demanda-t-il à Virginie.

— Rien, monsieur le curé…

— Rien qui se puisse dire, n’est-ce pas ?

Silence de Virginie.

— Allons, prenez vos cahiers et répétons le premier cantique… Vierge au divin sourire… À toi, Marion !

Et Marion chante :

Vierge au divin sourire,
Reçois nos vœux.

— Ce n’est pas ça ! recommence !

Vierge au divin sourire,
Reçois nos vœux,
Dans ton aimable empire
Qu’on est heureux !

— On dirait que tu chantes le De profundis ! s’écria le curé. S’il s’agissait d’une chanson d’amourette, tu y mettrais un peu plus de cœur !… Continue, Antoinette !

Et, successivement, le curé fit chanter plusieurs cantiques aux jeunes filles, séparément d’abord, puis toutes ensemble. Il les arrêtait souvent et les tançait pour la moindre faute, surtout la pauvre Maurette. Pourtant, sans contredit, c’était elle qui chantait le mieux ; et puis sa voix chaude, bien timbrée,