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— Tenez, mon pauvre Cabanou, dit la Toinon en posant la pinte de pineau sur la table. Si vous ne connaissiez pas mieux les cochons que les femmes, vous seriez tôt ruiné !

Foutute insolente !

Et après avoir trinqué et bu, l’accord fut parfait. C’est pourquoi peu de jours après, le maire de Vern procédait au mariage du citoyen Blaise Cestrac, laboureur, et de Mondinette Champarnal, aux applaudissements des patriotes, qui voyaient dans cette union la fusion de la noblesse et du peuple.

La Mondinette accoucha trois semaines avant le temps, mais cela passa pour un accident : elle avait buté sur le pas de la porte, disait la Toinou.

Comme Blaise venait de déclarer l’enfant à la mairie, il passa chez Jouanny, où sa mère, assise dans la boutique, faisait téter un beau drole, déjà fort.

— Comme il profite, mon petit frère ! dit-il en prenant l’enfançon et l’élevant en l’air. Tout de même, l’oncle ne sera guère plus vieux que le neveu, ajouta-t-il en riant.

Alors, Jouanny, qui avait quitté l’étau, alla chercher un papier qu’il lut à son beau-fils :

— Écoute-moi ça, Blaise !

République française.
Liberté, égalité ou la mort !

Bergerac, le 28 brumaire,
an II de la République une et indivisible.

« Le représentant du peuple, délégué par la Con-