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— La noblesse est abolie, ma pauvre Toinou, dit tranquillement Blaise en souriant.

— Et puis les marchands de cochons, honnêtes gens et bons patriotes, ne valent-ils pas les ci-devant nobles ? s’écria Cabanou en tapant un grand coup de poing sur la table. Pour t’être frottée autrefois au défunt seigneur de Roquejoffre, tu fais l’aristocrate, Toinou ! Hé bien ! entends ça ! Je marierai ma drole à Blaise si ça me plaît ; et encore il sera bien content !

— Ça c’est vrai, père Champarnal, fit Blaise.

— Vous autres parlez de faire noces sans me demander si la chose me convient ! dit alors la Mondinette.

— Est-ce que tu prétendrais me dédire si je le faisais ? demanda vivement Champarnal à sa fille.

— Non, père… pourtant la chose me touche et il me semble qu’on devrait bien me demander un peu mon avis.

— Eh bien, je te le demande ? veux-tu prendre Blaise ?

— Puisque ça vous fait plaisir, père, et à moi aussi.

— À la bonne heure ! « Bourre là ! » dit Cabanou, en tendant la main à Blaise. Et toi, vieille aristocrate de Toinou, donne une goutte de pineau pour arroser notre marché !

— Le marché ! s’écria la Mondinette. Alors vous me vendez, père ?

— Non ! non ! petite ! la langue m’a fourché. Je voulais dire notre accord !