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honnêtes, saines et fortes, vivant en pleine nature, qui se lient par la reconnaissance du bonheur reçu et donné.

Il y avait déjà plus d’un an que Blaise était à Comberousse, lorsqu’une nuit la Mondinette lui dit à l’oreille, tout bellement :

— Je crois que tu auras fait quelque bêtise, mon Blaise… Il va falloir parler au père lorsqu’il sera revenu.

— Dis-tu vrai ? ma Mondinette ! fit-il joyeux, en l’embrassant.

— Je le crois bien…

C’est pour cela que quelques jours après, Blaise, en soupant, dit à Champarnal, de retour de Bordeaux :

— Maintenant que vous me connaissez, si vous vouliez, nous parlerions de nos arrangements.

— Je ne demande pas mieux, mon neveu ! Quels gages demandes-tu ?

— Je ne veux point d’argent. Je serais content si, au lieu de m’appeler votre neveu, vous m’appeliez votre gendre !

— Bougre ! tu n’es pas bien bête ! La Mondinette sera riche quelque jour, et toi tu n’as pas un sol vaillant !

— Comment ! s’écriait en même temps la Toinou, indignée, en s’adressant à Blaise. Un monsieur de Roquejoffre ! Un noble comme vous êtes ! vous marier avec la fille d’un marchand de cochons ! La chose ne se peut !