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brassa avec une joie extrême, les larmes aux yeux. Bientôt, elle fut à son aise en le voyant échanger une bonne poignée de main avec Jouanny et montrer sa satisfaction de la savoir par son mariage à l’abri du besoin. Après avoir soupé tous quatre ensemble, Blaise s’en revint le soir à Comberousse et, le lendemain, se mit délibérément à l’ouvrage.

Et de ce jour en avant, il remplaça Géraud qui, huit jours après, se maria à Sainte-Foy, malgré son père, qui avait dépit de voir son aîné s’établir hors de la maison, contre l’usage.

À Comberousse, tout allait à souhait. Blaise travaillait le bien, aidé de la Toinou, et lorsqu’il était besoin, accompagnait le marchand de cochons aux foires et l’aidait à conduire ses bêtes. Champarnal était content de ce vaillant garçon, plein d’entendement, toujours de belle humeur, et ne craignant pas sa peine. Sa satisfaction se montrait principalement en ceci qu’il l’appelait toujours farcesquement : mon neveu !

La Toinou s’était bien donné garde que le jeune monsieur, ainsi qu’elle disait toujours, et la Mondinette « ne se jetaient pas les pierres », comme on parle au pays ; mais elle n’en faisait rien connaître, et trouvait bien à propos qu’un beau garçon et une belle fille, comme ils étaient, fussent amoureux l’un de l’autre, et se le disent.

Quant à ceux-ci, ils étaient toujours dans la joie des premiers jours. Leur amour semblait croître avec la possession, ainsi qu’il arrive souvent aux natures