Page:Eugène Le Roy - Au pays des pierres, 1906.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comment ce coquin de Chinourcq s’était emparé des restes du bien de Roquejoffre, et, après avoir convenablement vitupéré l’usurier, il s’enquit des intentions de Blaise : qu’allait-il faire à cette heure ?

Le garçon avoua qu’il n’en savait trop que dire. Sur ce qu’on lui avait assuré que le danger était passé, il était revenu au pays, comptant se remettre au travail comme ci-devant. Mais puisqu’ainsi était qu’il se voyait forbanni de son peu de bien, il se trouvait quinaud et embarrassé comme un tisserand sans fil ou un « faure » sans fer…

Sur cela, Cabanou expliqua longuement à Blaise, avec force récriminations, que son imbécile de Géraud s’allait marier avec la fille d’une veuve, aubergiste à Sainte-Foy-la-Grande, dont il s’était bêtement amouraché, et le plantait là ; puis il lui demanda :

— Veux-tu rester ici, le remplacer ?

— Je ne demande pas mieux, ma mère n’ayant plus besoin de moi.

— Et combien veux-tu gagner ?

— Rien pour le moment. Plus tard, lorsque vous connaîtrez ce que je vaux, nous nous arrangerons.

— « Bourre là ! » s’écria le marchand de cochons en tendant la main à Blaise par-dessus la table. Tu es le plus brave drole de noble que jamais je vis !

Et s’étant réciproquement tapé plusieurs fois dans la main, l’arrangement fut conclu au grand contentement de la Mondinette.

Dans l’après-midi, Blaise s’en fut voir sa mère qui rougit un peu en le voyant entrer, mais qui l’em-