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çait à laisser échapper un filet de fumée bleuâtre bientôt dissipé par le petit vent frais du matin. Puis, tandis qu’il était là, quillé, le soleil déborda sur l’horizon et monta lentement dans le ciel, rouge comme une « peyrole » de cuivre, bien fourbie.

Blaise contempla un instant la campagne réveillée, les yeux fixes, la pensée ailleurs ; puis il entra dans le bois et s’alla coucher dans une vieille cabane de braconniers où il s’endormit.

Le soleil était haut déjà, et ses rais enflammés trouaient presque d’aplomb l’abri de genêts, lorsqu’il se réveilla. S’étant secoué, il ramassa son bâton et descendit vers Comberousse, où il arriva comme on allait servir la soupe sur la table.

— Té ! te voilà, mon neveu ! fit le père Cabanou, qui plaisantait à ses heures. Et d’où sors-tu, qu’il y avait trois ou quatre mois qu’on t’avait perdu ?

— J’étais allé du côté d’Agen…

À ce moment, la Toinou, qui venait de tirer à boire, s’écria en posant la pinte sur la table :

— Sainte Vierge ! le jeune monsieur !

Et elle se mit à l’embrasser à pleine bouche, comme une nourrice, en s’extasiant sur sa taille, sa carrure, et la fine moustache qui ombrait sa lèvre.

— Vous arrivez bien à propos ! dit la Mondinette à son ami, lorsque la Toinou l’eut lâché. Vous allez manger la soupe avec nous !

— Merci bien ! ça n’est pas de refus.

Tout en mangeant un ragoût de fèves et de pois, qui suivit la soupe, le père Champarnal raconta