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trouva toutes deux dans le « cantou » de la cheminée, près d’un tout petit feu, et soupant maigrement d’un morceau de pain noir avec des noix, il ne put cacher son émotion :

— Vous avez souffert ! pauvres ! dit-il en les embrassant étroitement toutes les deux à la fois. Mais, maintenant, ça va changer !

Après les premiers réjouissements de l’arrivée, Mette songea à faire souper son frère et se mit à fureter dans le buffet, pendant que celui-ci, assis près de Mme Charlotte, lui tenait la main et regardait le feu en silence.

Puis, la Mette étant allée chercher quelques branches de fagot, tous deux relevèrent la tête et se regardèrent au plus profond des yeux. Alors, sans rien dire, Jouanny l’attira doucement à lui, et, tandis qu’elle abaissait ses paupières brunes, il lui donna un long baiser.

Un « tourin », ou soupe à l’oignon, ressource des pauvres gens de campagne qui n’ont pas de bouillon tout prêt, fut vivement fait par Mette.

— Heureusement, mes poules ont pondu ! dit-elle ensuite, en cassant dans la poêle deux œufs tirés de la poche de son tablier.

Jouanny ne mangea guère ; il était trop heureux. Lorsqu’il eut achevé, tous trois devisèrent longtemps devant le foyer, puis ils allèrent se coucher. Comme il n’y avait que deux lits montés dans la maison, les deux femmes couchèrent ensemble dans la chambre de Mette. Avant de s’endormir, elles babillèrent long-