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ici, et tant qu’il y aura un morceau de pain nous partagerons !

Et comme celle-ci se défendait d’accepter, elle ajouta :

— Jouanny ne me pardonnerait jamais de ne pas ainsi faire ; et puis, ni moi non plus, je ne me le pardonnerais pas !

Là-dessus, Mette, qui avait de la décision, expédia la Toinou chez le frère de Jouanny pour lui dire de venir le lendemain à Roquejoffre avec sa charrette et ses bœufs.

Lorsque le déménagement fut achevé, y compris un vieux coffre plein de papiers et de parchemins qui se trouvait dans le grenier, la Toinou fit un paquet de ses hardes, et dit adieu aux deux femmes, malgré les efforts de Mette pour la retenir :

— Vous n’en avez pas trop pour vous autres ! dit-elle, moi, je trouverai bien à me « loger ».

— Ma pauvre Toinou, lui dit Mme Charlotte en l’embrassant, il me fait grand’peine de nous séparer !

— Que voulez-vous, dame, on ne fait pas toujours comme on veut ! prenez courage !

Restées seules, les deux femmes durent resserrer leur dépense et vivre de peu, les petites économies de Mette tirant à leur fin. Les provisions en grains et en pommes de terre apportées du château les nourrirent quelque temps ; et puis le frère de Jouanny les aidait un brin, quoique pauvre aussi.

Cependant, le temps s’écoulait sans apporter de changement dans la situation du prisonnier des gens