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De ces jeunes filles, aucune n’était belle comme Maurelle, mais toutes avaient quelque chose d’agréable et plaisant. La Toinette était châtaine, frisée comme un agnelet, potelée, et fraîche comme une rose. La Marion était brune, un peu trop peut-être, mais elle était bien faite, d’amoureuse manière, et, sous ses sourcils rejoints, ses yeux noirs brûlaient ceux qu’elle regardait, Fillette Delfort était mignonne, blanche, et sa petite frimousse mutine donnait envie de l’embrasser. Pour Virginie, grande belle fille bien prise, à l’air hardi, toute sa personne incitait à l’amour.

Quoique dissemblables de figure et de physionomie, toutes ces jouvencelles avaient entre elles quelques points de ressemblance outre l’air fort et santeux. Même Reine encore jeunette, toutes avaient une poitrine bien développée et puis un beau cou, fort, musclé, rond, qui faisait penser à celui de la Sulamite, semblable à la « Tour de David », selon la Sainte Écriture. Au reste, à Monglat, toutes les femmes étaient ainsi faites et conformées de même, en raison d’une circonstance locale.

La fontaine de la ville sourd au pied du plateau, dans un ravin profond, où, depuis la fondation de la bastille par un roi d’Angleterre, les femmes vont puiser de l’eau. La « seille » dont elles se servent depuis des siècles est de cuivre rouge, à large panse, à étroite ouverture. Lorsqu’elle est remplie, elles s’aident de pierres dressées à l’exprès au-dessus de la margelle de la fontaine, pour la poser sur