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— Je n’aurai pas fait une bonne affaire ! dit le bonhomme, comme se parlant à lui-même.

— Une affaire ? interrogea la veuve.

Le petit vieux la regarda d’un œil froid :

— Oui… avec votre défunt mari…

— Et quelle ? demanda Mme Charlotte, transie.

— Six mois devant sa mort il m’a vendu tout ce qui restait de son bien… en s’en réservant la jouissance pendant neuf ans… Et puis, il y avait un réméré de même durée… En me remboursant deux mille cinq cents livres avec les intérêts et loyaux coûts… plus une soulte de rétrocession… il pouvait garder le bien…

— Que me dites-vous là ! s’écria la pauvre dame.

— La vérité pure… Le contrat fut passé chez le notaire de Villamblard… pour que ça ne se sût pas ici… Votre défunt ne vous en avait pas parlé ? Non ? ça m’étonne… Mais, de toute façon, le terme sera échu mardi venant… de manière que si vous vouliez me rembourser, ça m’arrangerait… car je vois que j’ai fait un mauvais marché…

— Il parlait bas, sans aucune inflexion de voix, avec des temps d’arrêt, comme pour économiser le son et la fatigue.

Ici, la Toinou intervint.

— Il serait à propos de voir ce contrat ! dit-elle.

— Je l’ai là, dit-il en tirant un papier « marqué » de sa poche de lévite. Et puis, il est aussi chez le notaire.

La pauvre Mme Charlotte était consternée :

— Mon Dieu ! qu’allons-nous devenir !