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en rencontrant ses yeux francs et clairs qui n’avaient rien de grave à cacher, il lui dit :

— Va le quérir !

Le lendemain avant le jour, Blaise, accoutré comme un toucheur d’une grande blouse roulière de Géraud, et coiffé d’un large chapeau à bords rabattus, partit avec les deux hommes pour Mouleydier, où on devait embarquer les cochons sur une gabare pour Bordeaux. Géraud menait une charrette attelée d’un mulet pour transporter les bêtes trop fatiguées. Blaise, avec son bâton à lanière, aidait le père Cabanou à pousser en avant le troupeau qui marchait lentement.

— On dirait que vous n’avez jamais fait que ça ! faisait le vieux.

Et Blaise souriait, content.

Tout allait sans nul détourbier, lorsqu’un peu avant d’arriver à Saint-Félix deux cavaliers à baudrier et grand chapeau se montrèrent sur le chemin.

— Diable ! s’exclama sourdement le bonhomme.

Heureusement, ces archers étaient de la lieutenance de Bergerac et cherchaient un autre dénicheur de girouettes et brûleur de bancs d’église.

— Vous n’avez pas rencontré un individu, petit, bancal et gris de poil ? demanda l’un des cavaliers.

— Non, brigadier ! répondit le rusé Champarnal.

L’autre sourit agréablement :

— Ma foi ! dit-il, puissiez-vous être jovent ! il y a dix ans que j’attends les galons.

Et ils passèrent.

Les porcs embarqués, Géraud s’en retourna à