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soir, il ouït des grognements dans la cour, et vit le père Champarnal et Géraud, son fils, qui ramenaient une bande de porcs.

« Comment va-t-elle faire ? » se disait le garçon.

Le soir, en soupant, la Mondinette raconta ce qui s’était passé le dimanche à Vern, mettant toujours Blaise en avant, en quoi d’ailleurs elle ne mentait pas. Le marchand de cochons s’exclamait d’aise, oyant qu’on avait planté un mai, descendu la girouette du château, brûlé les bancs d’église, et il marquait sa satisfaction par de solides coups de poing sur la table.

— Tonnerre du Diable ! ce petit noble ruiné n’est pas bien cassé ! dit-il à la fin. Seulement, si on l’attrape, il ira rejoindre à Périgueux le pauvre Jouanny, qui est en passe d’aller aux galères, et peut-être d’être pendu, comme il est arrivé, il y a trois jours, à deux malheureux de Tulle…

— Ça serait dommage ! fit Géraud, c’est un brave drole.

— On ne le prendra pas si vous autres voulez aider à le sauver ! dit la Mondinette, voyant son père et son frère bien disposés.

Les deux hommes la regardèrent.

— Et comment ça ? tu sais où il est ? demanda le père.

— Oui…

— Eh bien, dis-le ! nous ferons le possible !

— Je l’ai fait cacher dans notre fenil…

Le père Champarnal regarda fixement sa fille ; mais,