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— Qu’as-tu fait, pauvre enfant ? lui dit-elle, inquiète.

— Je n’ai fait de mal à personne ! Tout le monde sera libre et puis égal !

— Tant mieux de ça ! mais je crains fort qu’il ne t’en advienne mal !

Toutefois elle ne le blâma pas ouvertement, sentant bien que, s’il eût été là, Jouanny eût applaudi et aidé à tous ces actes révolutionnaires.

Mme de Roquejoffre ne se trompait pas. Un soir, vers les huit heures, le fils du menuisier voisin de Jouanny vint tout courant prévenir que dix cavaliers de la maréchaussée étaient arrivés pour arrêter plusieurs de ceux qui avaient planté le mai et brûlé les bancs.

— Ils sont trois qui viennent ici, dit-il, tout essoufflé ; si je n’avais pas suivi l’« écoursière » ils seraient arrivés avant moi !

Sur cet avis, Blaise posa ses sabots, prit ses souliers à la main et s’enfuit dans les bois, tandis que le jeune homme s’en retournait chez lui d’un autre côté.

Un instant après on entendit des pas de chevaux sur le sol pierreux, et deux cavaliers entrèrent, pendant que leur camarade gardait les montures.

Après de nombreuses questions et une minutieuse recherche, éclairés par la Toinou qui portait le « calel », les deux hommes sortirent en maugréant d’avoir fait buisson creux.

— Mon pauvre Blaise ! se lamentait, après leur