Page:Eugène Le Roy - Au pays des pierres, 1906.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de bonnes paroles et lui ayant remis un peu d’espoir au cœur, l’arquebusier s’en alla.

Aussitôt après, Blaise se déroba et s’en fut du côté de Comberousse faire connaître son retour à la Mondinette.

Mais, le surlendemain, il tint sa parole. Une pioche sur l’épaule, il descendit avec la Toinou qui portait le sac sous son bras, jusque dans la combe au pied du puy, et tous deux se mirent à travailler une petite terre en friche, depuis une année. La servante n’était pas loin de croire que c’était une mauvaise œuvre pour des « chrétiens » de semer ces racines inconnues venant du pays des sauvages ; mais, par déférence pour le jeune monsieur, elle lui aida cependant, après avoir exprimé ses répugnances.

Le surlendemain, le frère de Jouanny vint avec ses bœufs, portant sur sa charrette son araire et deux quartes de blé d’Espagne pour semer. Il expliqua que, n’ayant grand’chose à faire pour l’heure, son frère lui avait mandé de venir aider à Roquejoffre…

— Mais le blé d’Espagne ?… fit Mme Charlotte inquiète.

— Oh ! vous me le rendrez à la Saint-Michel, lorsque vous aurez cueilli le vôtre : j’en ai prou pour aller jusque-là…

Elle fut touchée de cette attention de Jouanny, et de la manière délicate dont il en usait. Elle eût voulu le voir pour le remercier ; mais comme il ne se montrait pas, il lui fallut attendre au dimanche suivant.