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— Comment ! interrompit la Toinou, un noble ! un Roquejoffre ! travailler la terre ! ça n’est pas Dieu possible !

— Ma pauvre Toinou, lorsque Adam labourait et qu’Ève filait, où étaient les nobles ? demanda l’arquebusier. Ça n’est pas un déshonneur pour personne de travailler la terre !

— Vous avez raison, remarqua Mme Charlotte. Étant petite, j’ai ouï dire souvent chez nous que mon grand-père, pour sa pauvreté, labourait ses terres, l’épée au côté.

Ici, Blaise qui n’avait encore rien dit, intervint.

— Ça ne peut pas être un déshonneur que de travailler de ses mains pour nourrir sa mère ! J’ai assez vu faire pour savoir m’y prendre. Demain, sans plus tarder, je commencerai en semant ces pommes de terre des Amériques…

Entendant ça, pendant que Mme de Roquejoffre embrassait son fils, la Toinou levait les bras vers les poutres d’en haut :

— Sainte Vierge ! que verrons-nous de plus !

— Nous verrons peut-être des choses plus étonnantes ! répondit gravement Jouanny.

Et il continua, louant fort le jeune monsieur de ses bons sentiments, le félicitant de sa vaillante détermination et l’encourageant à y persister.

— Tout homme, conclut-il, doit être capable de se suffire, et aux siens ; autrement c’est un citoyen inutile et même nuisible.

dessus, ayant réconforté Mme Charlotte par