Page:Eugène Le Roy - Au pays des pierres, 1906.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avoir déjeuné et payé chacun son écot, la petite caravane reprit le chemin de Vern, diminuée du moine et de la fille.

— À savoir si le père cordelier aura trouvé une place à la drole ? fit le regrattier.

— N’ayez peur, elle n’aura pas couché dehors, dit le plaideur.

Alors Blaise raconta qu’il l’avait vue dans une maison proche la rivière, où le père cordelier l’avait logée.

— Quand je vous le disais ! s’écria l’autre.

— Et votre procès ? demanda le messager.

— Il est remis à un mois, — répondit le plaideur. — C’est la septième fois que je viens à Périgueux pour cela ; mais il se trouve toujours quelque nouvelle paperasse à grabeler ! Nos procureurs s’entendent comme larrons en foire ! J’ai mangé déjà dix fois la valeur du lopin de chemin de servitude que me conteste ma partie adverse ; mais tout de même j’irai jusqu’au bout !

Il était presque nuit lorsqu’ils arrivèrent à Vern. Jouanny fut très contrarié en apprenant la cause du retour de Blaise. Il le fit souper et coucher, puis le lendemain matin, tous deux prirent le chemin de Roquejoffre, portant chacun à leur tour le petit sac venant de chez le défunt mestre-de-camp.

— Jésus ! s’écria Mme Charlotte en voyant son fils ; que t’est-il arrivé ?

— Pauvre oncle ! fit-elle en apprenant la mort de M. de Villemur. Qui l’eût pensé, il y a quelques jours !