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tour de ville. Étant sorti par la porte de l’Albergerie, il remonta par le grand chemin de Lyon, qui rasait extérieurement le pied des remparts.

Arrivé à la hauteur de la route nouvelle de Bordeaux, il se retourna. Au delà de la rivière, l’âpre coteau de Cornebœuf, avec ses fourches patibulaires, éclairé par les derniers rayons du soleil couchant, se dressait sur le ciel assombri. À droite, les hauteurs boisées du Camp-de-César baignaient leurs pieds dans l’Ille. À gauche, les coteaux, irréguliers, descendaient par échelons jusqu’à la Maladrerie et au moulin de Cachepur. Près de la rivière, le monastère-de Sainte-Claire et celui des Dames de Saint-Benoît, avec leurs vastes enclos, se découpaient sur les prés verts ; et à quelques centaines de pas de la ville, montait en l’air le clocher pointu des Cordeliers.

Sur la droite, vers la Cité et l’antique tour de Vésone, c’était le monastère de Sainte-Ursule, celui de la Visitation, la maison de la Grande-Mission et le couvent des Jacobins, entourés de jardins, de vergers et comme noyés dans une forêt d’arbres fruitiers, de pommiers et de cerisiers en fleurs. Non loin de la porte Taillefer, le long du grand chemin de Bordeaux, s’alignaient les bâtiments noirs de l’Hôpital et de la Manufacture.

Le jour tombait. À tous les clochers du Puy-Saint-Front et de la Cité, sonnait l’angélus du soir qui s’épandait dans les airs en sons graves, auxquels se mêlaient les voix grêles des cloches des monastères et des couvents.