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maison, un balai à la main, souriante, accorte, le renseigna. Il rebroussa en arrière, non sans se retourner pour la regarder.

— Vous la trouvez gente, la fille du bourreau ? lui demanda une vieille marmiteuse, qui vendait des prunes et des pommes sèches et des poires tapées.

La fille du bourreau ! Blaise ne répondit pas et s’en alla au hasard par la ville, traînant ses souliers ferrés sur les gros cailloux de rivière, et levant le nez pour admirer la hauteur des maisons resserrées, qui ne laissaient pas le soleil pénétrer jusqu’au pavé humide des rues. Il était un peu triste de sa déconvenue. À peine sorti de son pauvre castel ruiné, y rentrer le lendemain lui était dur, car il trouvait Périgueux très beau, comme celui qui n’avait vu que le bourg de Vern ; et puis il avait fait des rêves de jeunesse fondés sur la protection de M. de Villemur, rêves si brusquement dissipés. Cependant, peu à peu, il se laissa distraire de son ennui par la vue des filles cotillonnées de court, gentes sous la coiffe ou le madras, qu’il rencontrait par les rues ou apercevait aux croisées. Par la coupée des boutiques, son regard curieux pénétrait jusqu’au fond et se croisait avec les yeux des femmes qui se levaient sur les passants. En suivant la rue Salinière, il vit sur sa porte une drole aux cheveux frisés qui lui rappela soudain la Mondinette, et il se consola un peu en pensant qu’il allait la retrouver.

Toujours « trullant », Blaise passa sans y entrer devant la cathédrale de Saint-Front ; les jolies filles