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— Alors ils sont aussi dévots que les Carmes ! remarqua le messager.

Et tous se mirent à rire.

En haut de la côte de la Rampinsole, le plaideur, se retournant, vit au loin le moine et la fille qui hâtaient le pas. Toutefois, les autres voyageurs entrèrent en ville par la porte de l’Albergerie avant que les retardataires les eussent rattrapés.

« Voilà le messager de Vern », se disaient les artisans et les gens de boutique, habitués à le voir arriver à jour fixe. Et ils se remettaient à l’ouvrage après avoir regardé Blaise.

Le garçon était vêtu comme le jour de Pâques, de sa veste de bure et de sa culotte neuves. Il était chaussé de bas couleur de la bête, tricotés par sa mère et la Toinou, et des gros souliers faits par Filhol. Sur sa tête, un chapeau rond périgordin, retroussé d’un côté, laissait voir sa figure. Avec son nez légèrement busqué, son œil noir, son teint basané, ses grands cheveux et son bâton de houx à la main, il avait bien l’air d’un jeune cadet de Périgord, nourri de frottes à l’ail et de millassous, quittant la bicoque paternelle pour chercher fortune par le monde.

La maison qu’habitait M. de Villemur était dans la rue et tout près de la porte des Plantiers, joignant les murs de la ville. Lorsque Blaise, guidé par le messager, se présenta chez lui, il trouva ses deux serviteurs en grand émoi. Le lendemain de son retour de Vern, l’ancien mestre-de-camp avait eu une