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Cinq jours après, celui-ci, qui se nommait Mathivet, partit, emportant sur deux mulets de bât diverses denrées, des commissions pour la ville, et particulièrement les armes de M. de Villemur. En même temps, il emmenait Blaise qu’il était chargé de conduire chez l’archéologue. Comme à cette époque il n’était pas toujours sûr de traverser isolément la forêt de Vern, quelques personnes s’étaient jointes au messager. C’étaient d’abord un regrattier qui allait aux emplettes ; puis un plaideur se rendant au présidial, un cordelier regagnant son couvent et une fille chambrière cherchant condition.

Il faisait un beau soleil. Le grand chemin courait droit au milieu des bois, aligné parfois de vieux châtaigniers aux ramures puissantes, ou bordé de sombres taillis de chênes qui venaient jusqu’à la chaussée pierreuse, à moitié ruinée. En marchant, chacun disait son mot, et, selon la coutume, se complaignait du temps, des affaires et d’autres choses encore. Le regrattier affirmait que toutes marchandises renchérissaient ; le plaideur disait qu’il n’y avait plus de justice, et le cordelier déplorait les progrès de l’irréligion. Blaise ne disait rien, lui, et se contentait de regarder à la dérobée la chambrière, grande brune bien râblée. Quant à celle-ci, elle maudissait son galant qui l’avait plantée là, après l’avoir fait renvoyer de chez Mme de Labrant, qui ne plaisantait pas avec ces choses.

— Encore, si j’étais sûre de trouver une place à Périgueux ! disait-elle.