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que, quant à ce qui la touchait personnellement, elle la supporterait comme par le passé ; mais que ce qui l’inquiétait et la tourmentait fort, c’était l’avenir de son fils… Dans la pauvreté où elle avait vécu, les soucis de la vie journalière, du pain quotidien l’avaient empêchée d’y songer ; mais, actuellement, il avait seize ans…

— Il est temps de s’en préoccuper, en effet, dit l’ancien mestre-de-camp. Où est-il en ce moment ?

— Il court les bois, à dénicher des oiseaux, sans point de doute.

— Ce n’est plus de son âge, dit M. de Villemur. Écoutez, ma cousine, je pars demain matin ; mais envoyez-le moi à Périgueux, je verrai ce que je pourrai faire pour lui.

Après une infinité de remerciements de Mme de Roquejolfre, M. de Villemur et Jouanny continuèrent leur exploration.

— Maintenant, je connais la ligne de retraite et le pays où les fuyards de l’armée de Duras se sont éparpillés dans les bois pour être tués un à un par les paysans, dit après une longue marche le vieil officier, il faut revenir à cette heure par le Pont-Romieu, où la déroute a commencé.

Le lendemain, son portefeuille bourré de notes, M. de Villemur enfourcha son cheval devant l’hôtellerie de la « Cloche d’Or » et prit le chemin de Périgueux, après avoir fort recommandé à Jouanny, qui était venu lui souhaiter un bon voyage, d’envoyer toutes ses emplettes à son hôtel par le prochain messager.