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tagne ! Souffrez que je vous embrasse ! s’écria le vieux gentilhomme.

Après cette reconnaissance et les congratulations qui suivirent, M. de Villemur raconta que le 15 octobre 1562, le jour même de l’affaire de Vern, pendant qu’on jetait bas la tour à coups de canon, la dame de Roquejoffre avait fait une belle gésine d’un enfant mâle qui, en raison de cette circonstance, avait eu l’honneur d’avoir pour parrain le fameux Blaise de Montluc, dont le prénom avait été porté depuis par tous les premiers nés de Roquejoffre.

En guise de dragées de baptême, le boucher catholique avait promis de faire réparer aux dépens de Sa Majesté les dommages causés par l’armée royale au château du sieur de Roquejoffre, qui servait comme volontaire dans la compagnie de gens d’armes de M. de Burie.

Un tabellion avait constaté les dégâts — ajouta M. de Villemur — mais, d’après ce que j’ai vu en arrivant, la promesse de Montluc a eu le sort de tant d’autres ; la tour n’a jamais été relevée, ni l’angle du corps de logis auquel elle attenait ; d’où s’en est suivie peu à peu, par la suite des temps, la ruine totale du château. Les vieux bâtiments, c’est comme les dents cariées, ils s’émiettent si on ne les répare…

Ayant examiné la configuration extérieure des ruines, exploré les alentours, suivi le vieux chemin et pris des notes, M. de Villemur revint trouver Mme de Roquejoffre, et s’entretint seul avec elle de sa situation. La pauvre dame avoua sa détresse et déclara