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Mirandes, puis revenir attendre Montluc qui arrivait de Gascogne à marches forcées, l’attaquer au passage de la Dordogne et le rejeter dans la rivière. N’eût-il pas réussi entièrement, qu’il pouvait renouveler sa tentative au passage de la Vézère. Deux rivières à passer devant un ennemi supérieur en forces constituent des opérations très dangereuses ; et, en admettant que Montluc s’en fût tiré, ce n’eût pas été sans de grandes pertes qui lui auraient rendu l’offensive impossible.

« Même après la jonction de Burie et de Montluc, Duras pouvait choisir sa position et attendre avec avantage l’armée catholique qui marchait imprudemment, la cavalerie trop en avant pour être soutenue des gens de pied.

« Le jour même de l’affaire, si la charge du capitaine huguenot Bordet avait été vigoureusement appuyée, la cavalerie catholique était rejetée en déroute sur les gens de pied, puisqu’avec cent chevaux seulement cet officier la mit en désordre et en danger de tout perdre. Si, à ce moment, Duras avait fait face en arrière et fait marcher son infanterie, comme le lui conseillait Pardaillan, il est probable qu’il eût battu l’armée royale déjà ébranlée et égrenée sur un trop long parcours.

« Cela fait, continuant son chemin, il pouvait tomber sur Montpensier, qui venait à Mussidan avec peu de forces, et l’écraser. Un Coligny l’eût fait. Mais Duras ne pensait qu’à la retraite et il la faisait mal.