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rongés par la rouille, et quelques deniers nérets.

— J’en étais sûr ! s’écria M. de Villemur enchanté. Ce piquier, enjuché dans les branches, a dû être tué d’une arquebusade et tomber dans le creux du châtaignier où il est resté !… Et, tenez ! la quatrième côte à gauche est brisée… par une balle, certainement.

En mettant un louis dans la main de Mme de Roquejoffre, interdite, M. de Villemur lui demanda la permission d’emporter les objets trouvés, puis il s’en retourna avec le juge.

— Vous pouvez faire un trou là près et y mettre ces ossements, dit celui-ci avant de partir. On ne peut les porter en un cimetière bénit : c’était un huguenot.

En chemin, le comte expliqua au juge et à Jouanny, qui les avait rejoints après avoir fait ses compliments à Mme Charlotte, qu’il était venu étudier le terrain et chercher des renseignements pour une relation de la bataille de Vern qu’il préparait.

— Quand je dis bataille — expliqua-t-il — c’est une manière de parler, vulgaire. Malgré les gasconnades de Montluc, il est assez évident que ce ne fut qu’une grosse affaire d’avant-garde où, de son propre aveu, il aurait même été battu si Duras se fût montré bon homme de guerre. La première faute du chef protestant dans cette campagne fut de n’avoir pas empêché la jonction de Burie et de Montluc. Supérieur en forces à l’un et à l’autre séparément, il pouvait d’abord défaire Burie, qui était campé aux