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gênaient pas bien avec celles qui étaient sous leur main ; à plus forte raison avec une fille qui avait eu un petit : il fallait faire leur plaisir ou bien partir ! Puis après, je me suis « logée » comme chambrière, et les maîtres faisaient de même. Aujourd’hui que j’ai quarante ans passés, je me croyais quitte de ces misères, mais ce vieux gueux de meunier m’a bien fait voir que j’étais encore bonne à quelque chose ! Les hommes, voyez-vous, sont canailles ! même ceux qui ont l’air bien honnêtes !

Mme Charlotte écouta cette rude plainte sans mot dire. Elle comprenait que la Toinou disait vrai, et cela l’attristait. Mais la fin de la dernière phrase lui parut être une allusion à Jouanny.

« Ses politesses seraient-elles intéressées ? » se dit-elle.

Enfin, elle conclut ainsi :

— Toujours, tu ne reviendras pas au moulin !

— Comme vous voudrez ! Je ne m’y suis point tant divertie !

Pendant le dîner, la Toinou expliqua qu’il était besoin de faire du bois, mêmement pour chauffer le four, et que par ainsi il serait à propos de couper ce tant vieux châtaignier mort qui était à la cime du bois des « higounaux ».

La dame ayant acquiescé, tous trois s’en furent au bois : Blaise portant une cognée et la Toinou traînant la bourrique par la corde.

Tout près d’une « cafourche » ou carrefour, était le châtaignier, vieux, très vieux. Mme de Roquejoffre