Mme de Roquejoffre se donna garde qu’elle était tout enfarinée. Devant, cela pouvait s’expliquer par le demi-sac chargé sur la bourrique ; mais, par derrière, sur les reins, deux bras avaient laissé leur marque blanche bien distincte.
« Jésus ! c’est-il possible ! » se dit-elle, en pensant à la mauvaise réputation du meunier.
— Tu t’es laissé jointer par ce méchant farinier ! fit-elle affirmativement.
La Toinou, épeurée, lâcha le sac :
— Vous êtes sorcière ! dame !
— Mettons-le ! C’est-il vrai ?
— Eh bien oui ! Le petit écu je ne l’avais pas ! et pour avoir la quarte de blé rouge à crédit, il m’a fallu en passer par ses volontés !
— Tu devais laisser plutôt le blé d’Espagne !
— Il faut bien manger !
Mme de Roquejoffre fut très humiliée de ceci ; et en même temps touchée du dévouement de la servante.
— Tu n’iras plus au moulin, ma pauvre Toinou ! lui dit-elle en essuyant ses yeux. Nous tâcherons moyen de faire autrement…
— Ah ! pauvre dame ! et comment faire sans emprunter quand on n’a point d’argent ?… Si vous saviez ! il n’en manque pas qui font comme j’ai fait, non pour leur plaisir, mais par nécessité ! Ça n’est pas la première fois que telle chose m’advient, allez ! Quand j’étais jeune, j’étais assez gente drole, et les messieurs où chez nous étaient métayers ne se