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paysanne ? Blaise apprendrait un métier, ou se mettrait à la terre, et elle n’aurait pas le souci pénible de son avenir… Puis, cette idée lui vint que si son mari eût été un homme raisonnable et sage… comme… Jouanny… elle eût été heureuse. Et la pauvre femme soupira.

Le matin, la Toinou, qui couchait dans un réduit voisin, se leva de bonne heure, traversa la chambre nu-pieds, et descendit sans éveiller la dame qui, après une mauvaise nuit, s’était endormie sur le tard.

Lorsque Mme de Roquejoffre ouvrit les yeux, il était grand jour et Blaise était levé. Elle se glissa dans la ruelle, s’habilla rapidement et descendit.

— Je m’en vais aller au moulin avec la bourrique pour quérir cette farine de notre quarte de seigle, lui dit la Toinou. Il faut de toute nécessité cuire demain, ou passé demain ; nous n’avons plus qu’un chanteau de trois ou quatre livres… même je ferai moudre en même temps une quarte de blé rouge que je prendrai au meunier…

— Mais pour la payer ?

— J’ai dans un coin de mon mouchoir un petit écu d’épargne sur l’argent du cochon que je vendis à la foire grasse.

La dame fut un peu étonnée de cela.

— L’autre jour, tu ne mettais pas cet écu en compte ? dit-elle.

— C’est que je le gardais pour cette occasion, répliqua la Toinou.

Lorsque la servante revint, peu avant midi,