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Pour Mme de Roquejoffre, elle s’en fut à l’église avec Guillaumette et Blaise.

Comme le matin, Jouanny les accompagna jusqu’au portail, puis s’en revint.

— Il n’entre jamais à l’église, votre frère ? — demanda la veuve.

— Jamais. Il s’en va lire dans sa chambre : des mauvais livres, à ce que dit le curé ; mais je ne le crois pas.

À la sortie de vêpres, Jouanny était là comme le matin. Ainsi que sa sœur il insista beaucoup pour que Mme Charlotte vint se rafraîchir avant de partir. Il fallut les en croire et aller boire un verre d’eau aromatisée avec un peu de cassis ; après quoi ceux de Roquejoffre prirent le chemin du château, accompagnés par le frère et la sœur. Au Pont-Romieu, où le Vern se perd sous terre pour aller ressortir près de Bordas, ils se séparèrent après force compliments et congratulations.

— Il y a longtemps que je n’avais passé une aussi bonne journée ! — dit Mme de Roquejoffre en embrassant Guillaumette.

En arrivant chez elle, la pauvre veuve reprit sur ses épaules le faix de ses misères. La comparaison de ces ruines, de ce délabrement intérieur de son habitation, avec la maison bien humble, mais propre et riante de Jouanny, ravivait ses chagrins. La nuit, pendant que Blaise dormait dans l’autre lit, elle rêvassait à tout ce qui la tourmentait. Au lieu d’être une fille noble, que n’était-elle née artisane, ou bien