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rial qui se trouvait juste en face de lui, près du banc de l’œuvre, puis commença.

« Nous prierons Dieu, mes frères, pour notre Saint-Père le pape, pour l’Église catholique, apostolique et romaine, pour les vivants et les morts.

« Nous prierons aussi pour Sa Majesté Louis XVI, roi de France et de Navarre, pour la famille royale et pour la prospérité de ce royaume.

« Nous prierons encore pour dame Catherine Scholastique d’Aubusson de la Feuillade, duchesse d’Harcourt, seigneuresse de cette paroisse, afin que Dieu lui fasse la grâce d’être équitable et juste avec tous. »

Cette recommandation peu ordinaire mit un demi-sourire sur les lèvres de quelques personnes et fit faire la grimace au juge, cependant que le curé poursuivait imperturbablement.

Le prône achevé, il descendit et reprit sa messe. Lorsque vint le moment de la communion des fidèles, les femmes tirèrent de leur poche un voile de mousseline qu’elles mirent sur leur tête. Puis, dans un certain ordre hiérarchique tacite, elles s’avancèrent vers la balustrade du chœur. En tête marchait Mme de Labrant, qui prétendait, en cette occasion, tenir la place de la dame du lieu, et alla se placer la première à la sainte table. Mme de Roquejoffre, que les questions de préséance ne préoccupaient guère, laissa passer devant elle quelques bourgeoises à particule et se mit modestement à cinq ou six places au-dessous. Mais lorsque le curé vint, le ciboire en