Page:Eugène Le Roy - Au pays des pierres, 1906.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il y avait pourtant en elle un peu d’amertume féminine, due au sentiment de sa misère, rendu plus vif par le contraste, et aussi peut-être à un autre sentiment obscur qu’elle ne s’avouait pas. Malgré tout, elle n’était pas vulgaire dans ses pauvres habits. Sa taille était bien faite ; et, sous la dentelle jaunie de sa coiffe, son visage au nez droit, éclairé par des yeux gris expressifs, avait de la noblesse et de l’agrément.

Blaise était moins tranquille que sa mère. Il se retournait souvent pour regarder la Mondinette qu’il avait aperçue dans la foule. Nonobstant ses grossiers vêtements, lui aussi avait bon air avec son nez recourbé, ses cheveux noirs tombant sur le cou et coupés carrément sur le front par les ciseaux de sa mère.

Cependant le curé chantait sa messe avec l’aide de deux chantres bénévoles, et l’accompagnement d’un serpent aux notes rauques embouché par le magister du lieu. Après la prose Victimæ paschali, il entonna l’évangile du jour, et, l’ayant achevé, avec le secours de son « marguillier » il déposa sa chasuble sur le coin de l’autel et se dirigea vers la chaire, pour le prône.

C’était un grand, fort homme, rubicond, que le carême ne paraissait pas avoir trop fatigué. Il avait l’air un peu colère en ce moment, et ce fut avec un geste brusque qu’il déposa son bonnet carré sur le rebord de la chaire.

Il jeta un coup d’œil courroucé sur le banc seigneu-