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bâtie uniquement pour abriter les fidèles, sans aucune préoccupation d’art ni de goût. Au chevet, le chœur arrondi en demi-cercle était éclairé par une grande fenêtre cintrée, semblable à deux autres qui, de chaque côté, donnaient à la nef un jour douteux. À droite et à gauche, dans le chœur, deux tableaux de piété obscurcis par le temps, étaient suspendus dans des cadres passés au jaune d’or ; et tout autour de l’église aux murs badigeonnés de gris, sales de poussière, étaient accrochées les images d’un chemin de croix aux couleurs criardes. Dans un renfoncement se dressait un autel latéral et, en face, dans une sorte de grande niche, était logé un confessionnal. Le maître-autel, en bois peint simulant le marbre, était garni de grands chandeliers de métal jadis étamés, et de fleurs en papier d’un goût détestable.

Depuis la balustrade du chœur jusqu’au milieu de la nef, étaient rangés, de chaque côté, des bancs à demeure, fermés, auxquels on accédait par une sorte d’allée de milieu aboutissant à l’entrée du chœur. Plus bas, des paroissiens étaient agenouillés sur des chaises, et enfin, tout au fond, près de la porte, de pauvres diables se tenaient debout.

Mme de Roquejoffre entra dans son banc de famille avec Blaise et la Toinou, et presque aussitôt la messe commença.

De sa place, la veuve voyait tout ce monde en habillements de fête. Dans les bancs, les femmes des marchands, des bourgeois, des « honnêtes gens », avec des robes neuves qu’elles ne faillaient jamais