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lorsqu’elle l’eut attachée près de la chèvre, tous trois descendirent le vieux chemin rocailleux.

Le premier coup de la messe sonnait lorsqu’ils arrivèrent au Pont-Romieu. De là, on découvrait dans le vallon le gros bourg dominé par le château élevé sur une motte circulaire, entourée de fossés alimentés par l’eau du Vern. De tous côtés venaient des gens endimanchés. Les hommes traînaient des drolets par la main et les femmes portaient les plus petits sur les bras. À la rencontre, tout ce monde saluait en patois :

— Bien le bonjour, notre dame !

— Bonjour à vous autres !

Un moment après, ceux de Roquejoffre entraient dans une rue étroite et tortueuse qui aboutissait à la place de l’église. Tout à l’extrémité, presque, était une boutique à large ouverture en anse de panier, avec un taulier fermé d’un châssis vitré derrière lequel on voyait des fusils dressés contre un râtelier et, dans une espèce de vitrine, des couteaux de poche, grands et petits.

— Ah ! voilà Jouanny ! s’écria Blaise en voyant l’arquebusier ouvrir la porte de sa boutique.

Lui, s’avança, tête nue, et pria Mme Charlotte d’entrer se reposer un instant… la messe ne commencerait pas avant un quart d’heure…

Elle entra, suivie de Blaise, qui remercia fort Jouanny du couteau.

— Vous ne l’avez pas perdu ?

— Que non ! le voici ! dit-il, en le tirant de sa