épaules un grand fichu tissé, aux couleurs passées, qu’elle croisa sur sa poitrine serrée dans la robe devenue trop étroite, et noua par derrière. Puis, ayant jeté un coup d’œil résigné sur la pauvreté de son ajustement, elle descendit.
En bas, la Toinou avait mis le panneau sur la vieille bourrique et attendait. Lorsque Mme Charlotte vit cette pauvre bête, la tête baissée, les oreilles pendantes, et la bastine qui laissait échapper par des trous la bourre du matelassement, elle eut honte de ce piteux équipage.
— Rentre la bourrique, dit-elle à la servante ; tu vois bien qu’elle ne se peut tenir sur ses pieds.
— N’ayez crainte, dame, elle a encore de la force, plus qu’on ne dirait.
— Ça me ferait de la peine de monter dessus ; remets-la dans son étable.
— Alors, vous voulez marcher de pied ? fit la Toinou, ça sera la première fois que la dame de Roquejoffre aura été ainsi à Vern !
— On fait comme on peut, que veux-tu…
— Tout de même, ça me fait dépit ! reprit la Toinou. Je vais toujours l’emmener, vous monterez dessus à l’entrée du bourg.
— Non, te dis ; il vaut mieux marcher à pied que de montrer ainsi sa misère !
En grommelant, la servante rentra la bête dans une partie d’écurie voûtée qui restait debout dans une petite cour entourée de murailles écroulées sur lesquelles poussaient des érables et des sureaux. Puis,