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attentions respectueuses, et combien il avait paru heureux lorsqu’elle avait accepté son invitation… Depuis huit ans qu’elle était veuve, aucun homme ne lui avait marqué d’intérêt, fors Jouanny… Ces pensées faisaient gonfler son cœur, et sa poitrine se soulevait sous le fichu d’indienne…

— Il viendra demain ! dit la Toinou en entrant.

Surprise, elle faillit dire : Jouanny ? mais elle se ressaisit bien vite :

— Alors, ça va bien ; voici les souliers de Blaise.

— Filhol les a portés ? demanda la servante.

— Non, il les a envoyés… par Jouanny, qui allait voir son frère, dit-elle après une hésitation que remarqua la Toinou.

Lorsqu’il revint, sur les quatre heures, pour le « merenda », le jeune Blaise ne fit pas grand cas des souliers, mais le couteau le ravit. Il en avait bien un, seulement c’était un de ces méchants petits coutelets de six liards, au manche de bois jaune terminé par un sifflet au bout, sans point de ressort, avec une lame de fer mou qui pliait lorsqu’il façonnait des pièges pour les oiseaux, ou bien écalait des noix. Aussitôt, il passa la mince lanière dans la boutonnière de sa culotte, prit une « mique » froide dans la tirette de la table et s’engalopa vers Comberousse pour montrer son couteau à la Mondinette.