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— Si ça ne vous contrarie pas, madame, voici un couteau que j’ai fait tout exprès pour votre fils. Lorsque vous vous arrêtez à la maison, le dimanche, je me suis avisé qu’il regarde fort les couteaux de la boutique… vous me feriez plaisir de le prendre pour lui…

— Oh ! Jouanny…

— Vous voyez, il y a une lanière de cuir à l’anneau afin qu’il ne le perde…

Et il tendait le couteau.

— Vous avez trop de bonté, je vous remercie, dit-elle en le prenant.

— Oh ! ce n’est rien ! je vous en prie !… Maintenant, madame, j’ai un autre plaisir à vous demander…

Elle le regarda, interrogative.

— Ce serait de nous faire l’honneur, à ma sœur et à moi, de dîner chez nous, dimanche prochain, jour de Pâques venant. De rentrer ici après la messe, pour après revenir à Vern ouïr les vêpres, c’est loin et puis fatigant, par les mauvais chemins…

— Mais mon pauvre Jouanny, vraiment, c’est trop d’honnêteté ! dit-elle, touchée.

— Ceux de Roquejoffre ont toujours bien fait aux nôtres, répliqua-t-il. La défunte dame votre belle-mère a rendu plus d’un service à mon père, dans le temps.

Et il raconta des histoires à l’appui de son dire.

Elle le regardait pendant qu’il parlait. Maintenant il tournait franchement vers elle ses yeux bleu foncé, très doux. Ses cheveux fauves, ramenés en arrière et